I DID IT !!
Après 19 jours de navigation hauturière, nous sommes arrivés le 7 décembre à 14 heures à Fort de France, ou Martine et les enfants nous ont accueillis en mer.
Notre classement général de cette transat a été satisfaisant, sixième, mais premier des monocoques en temps compensé.
Depuis mon arrivée, vous êtes nombreux à vouloir m’interroger sur cette aventure. Moi je me suis posé des questions avant, pendant et après notre parcours. Le nombre de questions est incalculable, mais je crois pouvoir répondre à quelques unes.
Ma plus grosse crainte : démâter au milieu de l’océan, ou casser le safran.
Le plus émouvant : le fameux Sea Cloud.
Le plus insolite : les BVNI de mon ami Michel.
Le plus dur : loin de Martine et les enfants.
Le plus agréable : la bonne humeur et l’animation artistique de Michel et Philippe.
Le plus fantastique : le coucher du soleil et les nuits étoilées.
Le plus drôle : nos cerveaux qui disjonctaient de temps en temps avec des fous rires…
Le plus embarrassant : notre pêche ratée.
Le plus fou : le défi avec l’océan.
Le plus bizarre : de l’eau de l’eau rien que de l’eau.
Le plus irréel : je l’ai fait, I did it.
Le plus angoissant : la météo et la mer.
Le plus beau : l’arrivée.
Et la question la plus critique, tu le referas ?
Je répondrai le moment venu, mais pour d’autres aventures hauturières je ne le ferai qu’avec Philippe et Michel.
Si j’ai réussi cette aventure, c’est grâce à Martine qui m’a encouragé dans des moments très difficiles, à Romain qui m’envoyait la météo, à Loïc et Nils qui me demandaient si j’allais bien, à Pierre Michel qui m’a aidé à larguer les amarres par téléphone et surtout à Philippe et Michel qui ont été formidables avec moi et qui m’ont fait vivre des moments forts.
Bien évidemment, je n’oublie absolument pas tous mes amis, les mails, les encouragements, le soutien, que je recevais au milieu de l’océan et qui resteront à jamais graver dans ma mémoire et dans mon journal de bord.
Merci à tous,
A peine arrivée que Philippe et Michel ont parcouru en sept heures le chemin du retour pour retrouver Lilian, Marianne et les enfants…
Que je remercie…
Et me voilà de nouveau avec Martine, Romain, Loïc et Nils pour continuer notre voyage aux Antilles sur Alayat Too, ou d’autres aventures nous attendent.
L’heure est arrivée pour rendre la plume à la rédactrice en chef de ce blog, qui donnera des nouvelles fin décembre.
NAJI
A l’heure où les côtes de la Martinique se dessinent sur la ligne d’horizon, je ne peux m’empêcher de penser à ma femme et à mes enfants qui m’ont encore permis de réaliser un de mes rêves, un de plus, et auxquels je souhaite de ne jamais renoncer aux leurs.
Mes pensées vont aussi à mes parents qui m’ont offert dès le plus jeune âge ces récits des grands explorateurs qui m’ont donné le virus du voyage et des grands espaces; à mon père qui m’a transmis l’amour de la mer et qui en dépit de mes quarante ans m’observe toujours bienveillamment du coin de l’œil, à mes deux sœurs Claire et Denise qui m’ont toujours encouragé dans toutes mes entreprises ainsi que tous les membres de ma famille, à mon oncle Didier, le grand frère, le phare (à occultations j’en conviens), dont l’esprit et l’humour sont à jamais mes meilleurs remparts contre le risque de «devenir sérieux», à Tounet, le beau frère inuit, qui a toujours été là dans les grands événements de ma vie, les bons comme les moins bons, à mes amis, Bruno, Jean Pierre, Marcel, Lionel, Gilles, Marc avec lesquels j’aurais aimé partager le bonheur de cette traversée, Pierre, l’irremplaçable Pierre, dont la seule évocation lors de mes discussions avec Philippe aura suffit à faire remonter à la surface un flot de souvenirs de moments heureux et de délicieuse insouciance, compagnon de nos premières croisières en Corse, Sardaigne, Baléares et Irlande, au même titre que Bertrand, Zaza et Ben (où es-tu Ben, tu nous manques, si tu lis ces lignes appelles nous ?) sans lesquels nous n’aurions pas eu l’audace d’entreprendre un tel périple, Olivier du Sailor’s Daily Telegraph, dont les éditos nous ont régalés chaque jour, à Lilian pour ses petits plats sous-vide dont nous sommes devenus totalement accros, à Martine pour son soutien tactique et moral et bien sûr à mes compagnons de galère, Philippe, mon Room Mate de la cabine arrière, et Naji, le pacha, dont la gentillesse et la bonne humeur ont fait de cette expérience de vie à trois un voyage dans le voyage et m’ont permis de réaliser mon rêve dans les meilleures conditions imaginables.
Enfin, un grand merci à nos sponsors : Corona, Nespresso et Pull In sans lesquels l’aventure tournait au naufrage. Special thanks to : Richard T Shannon, the kind Captain of the Sea Cloud.
A tous ces proches, je souhaite que le meilleur de cette traversée soit le pire de leurs aventures à venir. Vivez fort.
Mille mercis, fair winds !
P.S. : Dites Philippe et Naji, c’est vrai que les pingouins ont le bec rouge au Cap Horn ? …
Michel
Voilà, c’est fini !
Voilà, c’est fini, comme dit la chanson … difficile pour nous d’imaginer la fin de cette aventure tant on en a rêvé durant les 45 premières années de notre vie, et tant elle a été intense … mais il faut se faire à l’évidence : les 3000 miles la Grande Baignoire
Philippe
Je le dis comme je le pense, très humblement : si certains ne considèrent pas une traversée de l’Atlantique comme une Aventure, c’est bien comme cela que je l’ai vécue, et c’est ainsi qu’il faut la vivre : seul au beau milieu de rien, en totale autarcie, loin de tout et, surtout, de tous, proche d’une nature intacte et sauvage, potentiellement dangereuse.
Une aventure qui, à défaut d’être réellement sportive, est avant tout humaine, pour ne pas dire intérieure : combien d’heures passées, chacun de son côté, de jour ou mieux, de nuit, à refaire ce monde mis en quarantaine pendant un mois, à réécrire sa vie, avec ses bonnes et ses mauvaises périodes, à annoter ce petit carnet qu’on a pris soin d’emporter, à dessiner, à redécouvrir un artiste ipodé qu’on avait oublié … tout ça pour comprendre que, finalement, seuls la famille et les amis nous manquent.
On se plaît à ne rien faire de la journée, on endure les douches où un départ au lof nous explose le nez dans le hublot, on se met à apprécier la cuisine par 40° de gîte, on aime – ça c’est sûr ! les quarts de nuit, seul au monde, avec 4 milliards d’étoiles au dessus de la tête …On s’habitue à ne dormir que 3 heures par nuit, par tranche de 20 minutes, mais on ne se fait pas à l’absence de sa femme, de ses enfants ou des proches … et c’est peut-être là qu’est l’Aventure !
Ceux qui me connaissent savent que j’ai mauvaise mémoire, mais je n’oublierai jamais ces quarts de nuit passés à regarder ces ciels étoilés comme on n’en fait nulle part ailleurs, sur un voilier lancé à la conquête de l’Océan et poussé par un vent soi-disant maîtrisé ;
Je n’oublierai jamais cette mer, pardon cet Océan, que l’on se plaît à contempler jusqu’à plus soif, jusqu’à l’obsession et qui me manquera dès le ponton ;
Je n’oublierai jamais non plus cette soirée improbable et véritablement insensée passée à écouter Pink Floyd à fond dans le cockpit d’un bateau fou lâché seul sur un Océan noir.
Je n’oublierai jamais ces moments passés à attendre les messages des amis, seuls liens avec notre courte vie, ni n’oublierai ces mêmes amis qui ont peut-être rêvé avec nous.
Je n’oublierai surtout jamais que ce voyage, je le dois à ma femme Lilian et à mes enfants, Nicolas et Camille, sans qui rien ne serait arrivé. Merci à vous.
Un grand merci à mes camarades de quart, à commencer par notre Naji national, aussi sensible et gentil qu’il semble bourru, et Michel, mon cousin, dont l’humour a rendu cette croisière plus dangereuse que ce qu’elle aurait dû être …sans oublier l’ensemble de mes collaborateurs de l’entreprise qui m’ont, eux aussi, permis de faire ce voyage.
Enfin, une pensée spéciale à mes amis de toujours, fils de la lune et du cum cum péro, qui se reconnaîtront ; vous avez été dans mes pensées, mile après mile, vague après vague …
On l’a fait !!!
Cher ami lecteur,
Il est 1 heure du matin et comme je suis de quart, je vais te raconter une histoire de marins, une vraie, authentique, véridique histoire de marins.
Comme tu le sais, car tu suis nos pérégrinations océanesques d'est en ouest, Eole a décidé, depuis quelques jours, de se faire rare : n'achetant pas la théorie de Sarko : souffler plus pour gagner plus, il est parti vaquer à des occupations plus rentables, dans une autre région du globe, histoire de souffler le chaud et le froid sur les relations diplomatiques entre deux pays belligérants ; aussi sommes nous contraints, depuis 48 heures, à avancer au moteur, fort consommateur en fuel, ce même fuel n'étant pas illimité à bord ...
C'est ainsi que cet après-midi, alors que nous devisions gaiement sur le rôle de père qui est le nôtre dans nos vies terrestres, la vigie poussa un "voiles anglaises tribord arrière, branle-bas de combat, bordel de merde !" qui nous rappela que nous étions au milieu de l'atlantique. Avec des réserves de fuel sérieusement attaquées qui ne nous permettraient en aucun cas de rejoindre une terre trop éloignée ...
Fort de mes lectures de mer, je suggérai :" mon Najinou - nous sommes devenus relativement proches pendant cette croisière - pourquoi ne demanderions-nous pas à cette embarcation l'autorisation de leur acheter du fuel ?"
Quelques échanges de VHF plus tard, le fameux bateau se détournait pour se rapprocher de notre position. Et quel bateau : un 4 mats barque de 107 mètres de long, du nom de "sea cloud", voilier de croisière de luxe offrant 32 cabines à quelques passagers privilégiés ...
160 litres 483 miles
Après quelques minutes de tractations VHF entre notre Grand Alayatolah et leur pacha, qui ne savait pas qu'il était tombé sur un Libanais, on nous envoie un comité d'accueil : 2 marins philippins et un officier US, armé, qui commencent à faire le tour d'Alayat Too, nous imaginant plongeurs de combat – notre carrure j'imagine ? - prêts à tout pour saborder leur précieuse cargaison ...salutations, discussions, échange de nos jerrycans, puis le zodiac repart à son bord.
Vous imaginez la scène insensée : les deux voiliers sont alors immobiles, au beau milieu de l'Atlantique, comme en rêve : d'un côté, la croisière s'amuse en regardant et filmant ces fous qui traversent sur un bateau plus petit que leur annexe, de l'autre côté on se met à rêver de thé dansant sur un yacht giboyant de dames de chez Elite ...
Une grosse demi-heure plus tard, retour du zodiac, avec nos fameux bidons d'essence (
- un pack de 40 cannettes de bière,
- une cartouche de cigarettes,
- 3 plaquettes de présentation des croisières Sea Cloud,
- 12 gaufres chaudes !
refusant catégoriquement tout paiement, en dehors d'une bouteille de champagne que nous avions préparée ...
Là, ami lecteur, tu vois pourquoi on ne peut qu'aimer et respecter ces gens de mer car ce qui nous est arrivé cet après-midi, c'est impossible de l'imaginer et pourtant ça arrive régulièrement en mer.
Sur une des plaquettes, le pacha avait annoté de sa main : "next year, you better come with us" ...il y a des jours, comme ça, où l'on met à se croire en l'Homme.
Il est 2 heures, je vais monter sur le pont retrouver la croix du sud qui veille sur nous ; cette aventure dans l'Aventure nous a donné une patate du tonnerre de Zeus et notre fier navire file maintenant sur les flots, poussé par un moteur subitement ragaillardi par tant d'autonomie ! Seuls
Ca sent l'écurie, bon sang !
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TAPEZ DANS USER NAME EN HAUT A DROITE clubdespassionne
ET DANS PASSWORD passionnes
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1) Ensuite sur maps
a) fleet map pour l'ensemble des bateaux
Pour connaître la position du bateau en particulier, cliquer sur le bateau.
b) asset map pour un bateau (sélectionner le bateau)
Si vous voulez zoomer, faire un rectangle de la zone qui vous intéresse, en cliquant sur le côté gauche de la souris.
plusieurs possibilités sur le site à découvrir....
850 miles
Cher ami lecteur, fidèle lecteur devrais-je dire ... tu l'as certainement compris puisque tu nous suis régulièrement, nous sommes entrés dans la dernière ligne droite de cette transat ; encore faut-t-il le dire vite car de ligne droite notre trajet n'en n'a que le nom, hésitant qu'il est à force de rechercher le moindre souffle sur l'eau ; un drame Antique se joue en effet à bord qui met nos nerfs à rude épreuve : il n'y pas un souffle de vent par ici .. que dalle, que d'chi, nada, zobi ; malgré les prévisions optimistes de Mr GRIB, du nom des célèbres fichiers informatiques météos que Naji télécharge environ 8 fois par jour - relativement faux dans ces parages de l'atlantique nord - eh bien malgré ça, on n'avance plus. Pénible, voire franchement pénible, compte tenu des
Du coup, ça énerve ici dans notre deux pièces aménagé et ça tape sur le système ; je passe sur la soirée "Saturday Night Fever" de l'autre soir, relatée dans un poème éthylique ment incorrect de Naji, avec démonstration de Lap Dance de Michel sur la table du cockpit transformé pour l'occasion en piste de danse d'un Macumba improbable, le tout sous spi de nuit ... Mon Dieu ! j'étais bien sûr aux manettes, mais IMPOSSIBLE de leur faire entendre raison en passant une petite musique de nuit ou encore, on est jeune quoi ! un best of de Joe Dassin ...
NB : ami lecteur, il n'a pas échappé à ta sagacité que le spi avait fait son come back ! eh oui, depuis 2 ou 3 jours, nous spions à nouveau, de jour, de nuit, l'empannant les doigts dans le nez, l'affalant de nuit - si possible en dehors de mon quart, et toujours sous la pluie, c'est plus drôle ... bref, nous sniffons du spi en veux-tu en voilà.
Comme je le disais, ça travaille dur du ciboulot et, tu l'auras compris, entre Mr GRIB et NAJI, une certaine affinité a vu le jour, poussant notre ami à s'autoproclamer "Grand Alayatolah" du bord ! je vous le dis : cette croisière est en train de se transformer en véritable galère ; et, depuis qu'un fidèle lecteur, père d'un otage du bord, nous a traité de "TROISGROS", rien ne va plus : NAJI, Libanais à l'humour limité et à la bedaine sérieuse, l'a pris au pied de la lettre et, fort de son nouveau statut, nous oblige à manger plus que de raison, pour nous faire grossir ! tenez, rien que pour dimanche : petit déjeuner habituel : pain au lait, beurre, confiture, café, nectar de jus multivitaminé ; déjeuner : boeuf bourguignon, à moins qu'il ne s'agisse d'une sorte de BULGUR régional du Sud du Liban ? accompagné de pommes de terre risolées dans la graisse de mouette ... et, alors que nous nous attachons, depuis les premiers jours de cette croisière, à manger équilibré, tendance macrobiotique, quel ne fût pas notre étonnement en découvrant notre dîner : après un apéro copieux ( petits canapés de saumon sur toast grillés avec une bouteille de vin espagnol), notre KHMER ROUGE de la cuisine rapide et en principe bio nous servait un plat de pâtes aux cèpes !
ON N'EN PEUT PLUS ! HELP ! ON VEUT RENTRER A LA MAISON
D'autant que côté pêche, rien de nouveau ! on les attend toujours les sushis ... et c'est pas faute d'essayer, NAJI testant ses 2545 rapalas différents sur ses cannes plantées à l'arrière d'Alayat Too ; tu ajoutes à cela les conseils, avé l'accent, con ! du Marseillais du bord qui se prend pour un pêcheur - tendance pastaga ... rien depuis la fameuse dorade ; encore suis-je injuste car s'il y a bien quelqu'un qui pêche ici (dans le verbe "pêcher", je ne retiendrai que le sens propre, bien que le sens figuré et biblique puisse ici s'appliquer pleinement) c'est bien Michel ; sauf qu'il aurait tendance à ramener des poissons volants (eh oui, ça le reprend) qu'il se prend dans la figure pendant ses quarts de nuit ... il faut dire, à la décharge de mes deux camarades, que les eaux ne sont peut-être pas si poissonneuses que cela, eu égard au drôle de chalutier colombien rencontré avant-hier en pleine mer ("DON GIUSEPPE")et qui semblait dériver joyeusement, sans filet à la mer, comme s'il attendait un rendez-vous dans ces eaux internationales peu propices aux contrôles douaniers ... autant te dire que nous ne nous en sommes pas approchés.
Et pendant ce temps, le temps coule lentement à bord - pour des raisons éthiques propres à la profession de Journaliste Grand Reporter, je ne dirais pas qu'il "suspend son vol" ; bref, on le regarde passer, ce temps qui est le même que le vôtre, ces mêmes 24 heures d'une journée, et dont je ne peux m'empêcher de penser qu'il a cependant une vitesse différente : EINSTEIN avait raison quand il disait que le temps ne s'écoule pas de la même façon qu'on soit en déplacement ou au repos - relativité générale si mes souvenirs sont exacts - sauf qu'il n'appliquait cette règle qu'à un voyage à une vitesse se rapprochant de celle de la lumière ; nous sommes maintenant en mesure de le prouver : sa théorie est valable aussi pour les Transats à la voile ... ici, le temps va, vient, hésite, ne fait ni bruit ni ne laisse trace, jette nonchalamment un coup d'oeil au bateau, s'y pose quelques instants infinis et pourtant légers, et repart tranquillement sans omettre d'en faire un dernier tour ... et quand notre temps fait UNE chose, le tien, ami terrien, en fait douze, tels un Hercule des temps modernes.
Et c'est certainement une chose qui me restera de cette expérience : la dualité de ce Temps que la prétention humaine continue pourtant à dire Universel, et que tout un chacun décide un jour de choisir : le sérieux d'Hercule ou la légèreté du voyageur ? Patrons stressés à la ville, nous aimons à déguster chaque seconde de ce temps de fainéant, et sans honte aucune ;
Tu devrais essayer. Vite, car le temps presse.
EXTRAIT D UNE BALLADE EN MER LA JOURNEE D
Capt’ain Naji sur son mat perché
Avec son coeur qui n’a pas lâché
Devait y aller
pour réparer,
La drisse qui nous a gonflé
Après une danse
Dans tous les sens
Décida de guetter à l’horizon
La sirène avec de gros...
Et voila reparti
bien gonflé le SPI
Pour une grosse partie de la nuit
Saturday night fever, le thème de notre soirée
Le dernier samedi comme la fin de l’été
Philippe passait du cockpit à la table de mixage
Comme un David Guetta avec différence d’âge
Michel décida de danser
sur une piste bien mouillée
Même pas la pluie pouvait l 'arrêter
Et voila que le téléphone se mit à sonner
Martine, Lilian ou Marianne voulait nous parler
Le rapport de notre QG,
derrière le combiné
Martine qui suit en direct la soirée arrosée
Pour finir cette journée,
les quarts se sont organisés
Et voila c’est reparti, pour une nouvelle nuit bien animée.
Dans ces temps plus que calme, vioci quelques notes de traversée ...
Référence à un film & un proverbe célèbre ... Mais bref, maintenant que nous sommes dans les latitudes où soufflent ces fameux alizés, notre job, à nous marins, est de faire foncer la bête, à savoir mettre le spi ; pour celles & ceux qui ne le sauraient pas, le spi est cette voile d'avant, ronde comme un ballon : à bord, après 3 semaines d'abstinence, nous trouvons que ça ressemble plus à un demi-soutien gorge, mais bon ...
1200 miles
Donc le spi ... vaste programme : si vous vous rappelez le chapitre précédent, vous vous souviendrez que nous avons déjà perdu un spi asymétrique dès la première nuit ; bad news. heureusement, reste un second spi, symétrique lui.
Il a été rarement possible de le porter, compte tenu de la mer ou du vent, et c'est donc récemment que nous avons entrepris de lancer ce spi ; les deux premières tentatives ont échoué, la chaussette refusant catégoriquement de monter (la chaussette - que nous appelons ici, pour les mêmes raisons sans doute, le bas résille - la chaussette donc est une sorte de "tuyau" en tissu dans lequel se trouve le spi : nous gréons donc cette chaussette en tête de mat puis, quand tout est prêt, nous remontons cette chaussette, libérant - en principe - à coup sûr le spi qui se gonfle); en l'occurrence, c'est le spi qui NOUS gonfle ...
toujours est-t-il qu'après avoir tout sorti, vérifié, replié, rangé etc ... nous avons lancé ce spi, et spié pendant une bonne partie de la journée du jeudi; nous avons gagné 1 à 2 noeuds en vitesse, ce qui est fort agréable quand il vous reste
Vendredi, nous préparons à nouveau le spi que nous envoyons, dans sa chaussette, en tête de mat ; quelle ne fut pas notre stupeur lorsque la drisse de spi décida, de manière unilatérale, de céder ... le spi tombé, il passa à l'eau, puis sous le bateau qui avançait sous grand voile ; finalement, ce fut la chaussette qui se fit la malle ... une chaussette, une !
voilà notre Naji, déjà perturbé par la perte de son premier spi, énervé par une chaussette qui ne tient pas en place et une drisse en tête de mat, à récupérer ...
Ce qui fût fait le jour même, en envoyant le dit-Naji en tête de mat, harnaché et attaché qu'il était, à 20 mètres au dessus de l'eau ...
Je vous le dis : traverser, ça reste quand même une aventure !
Commentaire de Michel :
ça le Naji, y'a pas à dire, quand il s'agit de monter vérifier ce qui balconne dans le bonnet D qui flotte à l'avant, ou d'aller retirer la jarretière, c'est pas le dernier ! Mais quand il faut assumer son rôle capitaine nutritionniste en charge de l'équilibre alimentaire de ses équipiers et pêcher une maudite sardine pour leur apport quotidien en protéine, là y'a plus personne !
Tout a changé depuis le rond point du Cap Vert. Après avoir parcouru 1500 miles
1000 miles depuis Madère, nous quittons enfin les petites routes des
montagnes pour
rejoindre l'autoroute des alizés. C'est donc de cela que les autres nous
parlaient ! Il est évident que les nouvelles conditions nous permettent
de
profiter de quelques heures de sommeil supplémentaires et nous allons
enfin pouvoir nous livrer aux loisirs, tels que la pêche et la
bronzette. Les repas
peuvent enfin être dégustés sans trop d'acrobaties et nous avons échangé
les sachets contre des produits plus colorés et frais.
La houle est enfin régulière, le vent bien établi, berçant le bateau
d'Est en Ouest pour nous mener vers les caraïbes.
Je crois que les voiles sont bien réglées, Martine n'est pas la pour
affiner les réglages, mais nous avançons à une moyenne de 7,50 noeuds
avec des surfs
à 9 -10 noeuds.
Le soleil se lève et commence par éclairer la poupe d'Alayat Too, pour
enfin jeter ses derniers rayons sur l'étrave avant de disparaître
derrière les îles
tant attendues. C'est un peu comme s'il nous demandait de le suivre¦
La nuit, la lune prend le relais dans la même direction pour nous
accompagner et nous faire rêver¦
Aujourd'hui nous fêtons le passage de la ligne imaginaire qui sépare
l'Atlantique en deux. La cote Africaine et celle des îles se trouvent a
distance
égale. Nous sommes à la moitié du parcours (
rebours est lancé.
C'est un grand moment et au menu donc, j'ai prévu pour mes équipiers du
foie gras, champagne, et ensuite un filet de boeuf aux morilles,
accompagné d'un
«cartuxa » excellent vin portugais. Nous l'avons bien mérité !!!
L'ambiance et le moral à bord sont au niveau de notre vitesse. Le seul
problème que je pourrai éventuellement avoir á l'arrivée c'est avec
Lilian et
Marianne qui enverront leurs maris pour une DIET de quelques mois.
Je prévois une arrivée vers le 6 ou 7 décembre à Fort de France, ou
Martine et les enfants nous accueilleront au ponton. Ca sera un grand
moment et
j'espère qu'ils vont me reconnaître parce que nous ressemblons plutôt a
des loups de mer. Rasoir et mousse a raser seront donc les bienvenus.
NAJI