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Le réveil sonne pour la première fois depuis quelques mois à bord. Quelle horreur, il est cinq heures du matin et il faut sortir du lit pour lever l’ancre à l’aube. Le bateau a été rangé hier soir donc il n’y a qu’à se couvrir un peu, car il fait un petit peu frais à cette heure ci. On devient un peu frileux à force de…
Les bambins dorment, le soleil se lève à peine et une légère brise souffle par-dessus les dunes du lagon de Barbuda. Voyant la houle qui déferle sur la pointe ensablé de l’île, nous sommes contents d’avoir déplacé le bateau pour la nuit à l’abri de la cadence infernale des vagues. Ceux qui sont restés au mouillage de Low bay, malgré le vent du Nord, ont du être secoués pendant leur sommeil.
Nous hissons les voiles. Dans notre enthousiasme nous n’avons pas pris de ris. Un départ au lof nous ramène à la réalité et nous rappelle les règles élémentaires de croisière. Nous allons parcourir 60 miles
Chose faite et avec une voilure appropriée notre navigation est un plaisir pour tout le monde. La mer est assez formée suite à ce vent assez inhabituel de secteur Nord. A mi-parcours le vent tourne légèrement à l’Est et Alayat prend son envol au bon plein. Je sais que Philippe émet quelques réserves concernant la crédibilité de mes informations à propos de notre vitesse, donc pour preuve j’ai pris une petite photo (non trafiqué sur photoshop) du cadran marquant notre vitesse. Bref, nous arrivons sous la protection de l’île de Saint Barthelemy en tout début d’après-midi.
La rade de Gustavia, l’unique port de l’île, est prise d’assaut par de très nombreux yachts de tailles impressionnantes. Nous devons effectuer les formalités d’entrée et à notre grande surprise il y a de la place au port. On s’approche doucement du quai en reculant, l’ancre à l’avant et là on comprend pourquoi il n’y a personne à cet endroit. Le vent du Nord fait rentrer un ressac dans la baie qui rend les abords en béton extrêmement dangereux. Le bateau danse au rythme de la houle en tirant sur son ancre, puis sur les amarres en faisant des bonds de deux mètres. Je dépose Naji à terre pour qu’il puisse se rendre à la douane pendant que je surveille et empêche le bateau de s’exploser sur le quai.
Nous partons aussi vite de notre piège pour trouver une place parmi la foule au mouillage. Notre place est parfaitement bien et nous pouvons partir à terre en annexe pour découvrir Gustavia et donc St Barths connue pour sa richesse. Non pas au niveau culturelle ou naturelle, mais au niveau des portefeuilles de ceux qui y habitent ou amarrent leurs super yachts. Il y a effectivement les enseignes habituelles telles que Dior ou Versace et les yachts gigantesques battants pavillons Bermuda, Bikini ou String. Rare sont ceux qui connaissent les coordonnées GPS de ces îles exotiques et encore plus rare sont les propriétaires qui ont déjà mis pied à terre dans leur terre d’accueil fiscal.
La population est pour la plupart composée d’Américains d’un certain âge accompagnés, s’ils se sont bien débrouillés, d’une Américaine bien moulée de quelques décennies de moins. Elles font flamber les cartes de leur cher et tendre et contribue ainsi à l’économie locale. Elles font marcher les commerces proposants des petites tenues à prix forts et dévalisent les boutiques d’épiceries fines à la recherche de caviar béluga et champagnes provenant des plus grandes maisons françaises.
On nous explique que Saint Barth est devenu ce petit paradis fiscal grâce aux Américains qui l’ont développé il y a une trentaine d’années. Depuis, c’est devenu une destination à la mode pour la jet set américaine et française.
Pour les distinguer c’est simple. Nos amis, rois des fast food, portent non pas de chapeau, mais une visière style nike sur le front, des baskets blanches imprimées de ce même sigle à ne pas confondre avec les escarpins Stéphane Kélian puis un bermuda multi-color à la place d’une petite robe signé Agnès B.
Après un séjour de courte durée à Gustavia, nous mettons cap sur Saint Martin vers Simpson bay. Le pont qui donne accès au lagon et ses différentes marinas ouvre à 11h30 précise. Nous sommes largement à temps et souhaitons trouver une place à quai à la marina. Nous
La règle veut que : une fois rentrée, on peut rester ! Une fois sur place, on se débrouille toujours pour te garder, même s’il faut se déplacer plusieurs fois.
Après quelques mois nous avons un véritable mini bricolage marin à bord. Les outils et autres quincailleries sont rangés soigneusement dans des caisses marquées au marqueur permanent. Nous sommes non seulement autonome en énergie et eau potable, mais également au niveau petites réparations. Nous redressons le davier et les vis sont remplacées par les soins de notre propre monsieur bricomarine.
Le temps est toujours aussi incertain et on va attendre quelques jours avant de traverser vers les îles vierges. Jean Mi, Joce, Régine et Philippe qu’on devait y rencontrer ont déjà fini leur séjour en bateau mais ils font heureusement escale à Saint Martin. Nous avons donc le temps de partager un bon déjeuner à Jimbo’s avant qu’ils reprennent l’avion vers la France.
On reprend notre rythme habituel, CNED le matin et escapades à la plage l’après midi ou les enfants se régalent dans la mer qui dépose des rouleaux sur la plage. On
La plage d’Orient bay est une copie « cheap » des paillottes de Pampelone mais convient parfaitement pour y passer quelques jours en attendant qu’une fenêtre nous ouvre la voie vers les îles Vierges.
Le vent ne semble pas vouloir diminuer, donc on décide de ne plus attendre longtemps et de faire notre traversée de nuit. Nous devons sortir avec le créneau « ouverture de pont » de 16h30 et après une course contre la montre afin de finir les provisions, la clearance et le remplissage des différents réservoirs, nous passons de l’autre côté du pont donnant accès à la mer. A
Puisque le capitaine a pris l’habitude et que la navigation nocturne lui manque (n’est ce pas Michel et Philippe…), je lui cède volontairement ma place à la barre pour assurer également mes quarts de nuit. Je monte quand même la garde pendant à peine une heure et demie pour lui permettre de fermer l’œil un petit moment.
En route nous croisons quelques paquebots, style la croisière s’amuse, éclairés comme des immeubles. La veille nous avions croisé ses passagers sur la plage, profitant d’un painkiller ou d’une bière Présidente en parlant bien forts.
Demain, ils se réveilleront au large d’une autre île paradisiaque qu’ils pourront visiter pendant quelques heures avant de continuer en un temps record leur tour des Caraïbes.
A peine le soleil levé, nous apercevons Virgin Gorda à l’horizon. La mer nous a secoué pendant toute la nuit et heureusement que les enfants ont dormi car les conditions étaient vraiment pénibles et plus d’un aurait sorti ses tripes.
Je ne vais pas dire que les BVI sont le but de notre voyage, mais c’est devenu un des objectifs de notre périple. Depuis la première fois que nous avions passé les vacances ici, nous nous étions dit d’y aller une fois avec notre propre bateau. Nos souvenirs y sont tellement extraordinaires. On se souvient si bien la première fois avec ma sœur Sandra et Marieke. Nils marchait à peine, Loïc avait encore ses boucles blondes de bébé et Romain se rappelle toujours des siestes dans l’hamac suspendu entre deux palmiers sur l’île de Prickly Pears. Depuis nous avons eu la chance d’y retourner plusieurs fois à Noël et à chaque fois nous ressentons ce sentiment de bonheur ici.
La joie des enfants est d’ailleurs aussi grande que la notre en rentrant dans les eaux protégées entre les îles et îlots que nous connaissons pratiquement par cœur. Sans devoir consulter la carte, nous entrons dans la passe qui mène à Spanish Town ou nous allons obtenir notre autorisation de séjour pour un mois. Ce précieux papier en main, nous repartons aussi vite pour Virgin Sound au nord de Virgin Gorda. Cette immense baie entourée d’un rif et quelques îlots est parfaitement protégée du vent dominant et de la houle.
Nous remontons contre le vent avec des pointes à 25 nœuds, mais la mer est à peine agitée car abritée par les rifs qui s’étendent d’Anegada jusqu’à nous. Avec deux ris et la trinquette nous tirons des bords. Les enfants se plaignent quelques fois que les vivres et les livres risquent de s’envoler, mais Naji et moi, nous nous régalons. Ce sprint final est la cerise sur le gâteau avant de pêcher un mooring au pied de Saba Rock.
Au moment de couper le moteur, nous avons le sentiment d’être arrivée à destination après un long voyage. Un peu comme si on coupe le moteur de la voiture au parking en bas du chalet dans les montagnes enneigés des Alpes. La route était longue, parfois avec du mauvais temps, l’habitacle a connu quelques soucis techniques et il fallait parfois des équipements spéciaux pour pouvoir parcourir les derniers kilomètres avant d’atteindre le but final.
Nous allons donc poser nos bagages ici pendant le temps qu’il faudra. Les enfants pourront enfin sortir l’Open Bic de sa housse et partir faire de la voile à leur tour, à leur niveau. Les alizées sont bien installées, une situation idéale pour se lancer à l’eau. Au yacht club de Bitter End nous avons repéré deux Open Bic et il paraît qu’on peut prendre des cours de voile. Il n’y a pas grand monde en cette période et les instructeurs sont ravis d’avoir du boulot. Seul petit problème, il n’y a personne qui parle français et l’anglais des enfants n’est pas tout à fait au point. Comme nous sommes des chanceux, une petite hollandaise monitrice de voile aux Pays Bas, connue par le sailing school de Bitter End, passait par là. Son père, skipper sur un trois mâts, l’a déposé hier soir pour une petite semaine. Elle est donc disponible pour se lancer dans l’apprentissage de dériveur avec nos trois Libano-Franco-Hollandais. Voilà que le néerlandais ne sert pas uniquement à communiquer avec la famille.
Rendez vous donc après avoir terminé les évaluations du CNED, qui ont failli me rendre chèvre. Je passe du français à l’art plastique avant de chauffer les cordes vocales pour apprendre une chansonnette. La chanteuse du CD, toujours la même, est une soprano voir plus, elle émet des sons beaucoup trop aigus pour surtout le pauvre Nils qui a la voie cassée. Il faut donc faire preuve d’imagination afin de réaliser cette épreuve.
Après le travail j’ai également droit à un peu de récréation. Je me plante sur la terrasse avec un café, là ou le Wifi donne accès aux mails pendant que les enfants se lancent dans leurs aventures de voile. Je pourrai évidement assurer l’apprentissage moi-même. Hors du fait que je m’implique déjà dans les cours du CNED et que j’ai donc ma dose à ce niveau là, l’étranger a plus d’autorité que maman.
Première chose à faire, apprendre à dessaler. C’est une chose plutôt agréable dans l’eau chaude. J’ai connu pire en optimiste sur la mer du Nord. Le nombre de plongeons diminue d’heure en heure. Seul Nils se lance régulièrement hors du bateau. Ce n’est pas uniquement par obligation, c’est aussi une façon très efficace pour se réchauffer.
Après deux jours de cours ma théorie se confirme. Romain navigue seul, les pieds dans les sangles afin de donner un maximum de contre poids, une main sur le joystick et l’autre à l’écoute. Il fonce entre les voiliers au mouillage pour revenir au bateau et donner la barre à Loïc. Ce petit marin se débrouille comme un chef. Son poids plume le fait décoller quand une risée le surprend, mais lui aussi navigue en solo sous chaque allure et ramène le petit dériveur à bon port. Nils surprend tout le monde. Il prend la barre tout seul, un réel exploit selon toute l’équipe de l’école de voile. On le suit en annexe afin de le guider dans ses manœuvres, mais lui aussi ramènera le bateau tout seul à la plage dans quelques jours.
Ils s’éclatent et c’est un régal de les voir ainsi prendre leur envol. On les voit grandir chaque jour un peu plus, devenir indépendant et autonome. C’est ça aussi le but du voyage…
Quand les enfants liront mon commentaire, nul doute qu'ils reconnaîtront mon pseudo...
Huit mois déjà.
Votre projet, je croyais que c'était un rêve, presque un fantasme et donc par définition quelque chose qui ne se réalise jamais. C'était mal vous connaître!
Vos récits et vos photos m'émerveillent, quelle belle aventure et quelle belle famille.
Ce qui fait plaisir, c'est que l'on devine au travers de votre prose que la réalité est à l'image de vos rêves.
Heureux qui, comme Captain Naji, Martine, Loïc, Romain et Nils ,ont fait un beau voyage...
Bon, mais faudrait penser à rentrer, ya du boulot ici !
Rédigé par : jacques-tracto | 03 mars 2008 à 21:43