J-3 – FUNCHAL
Ça y est, nous y sommes …ça fait des mois que nous y pensons, à cette traversée, et nous sommes maintenant dans la marina de Quinta Da Lorde à seulement 3 petits jours du départ, prévu en flotte le 15 novembre à 15 heures !
Nous, c’est évidemment Naji, le boss, Michel, mon cousin, et moi, « écrivain volontaire » (merci Martine ! je devrais dire « écriv’involontaire ») … nous nous sommes retrouvés à la sortie de l’avion, Naji en provenance d’Amsterdam où sa famille réside pour 3 mois, Michel et moi en provenance de Paris ; le Boss nous attendait dans le premier bar trouvé sur sa route, avec sourires, café de bienvenue, voiture de location et … bien 500 kilos de marchandises à transporter sur le bateau …
La marina est superbe, à l’ombre d’une énorme falaise de pierres volcaniques, marron la journée mais noire dès le coucher du soleil – cette falaise nous fait d’ailleurs penser à notre bonne Sainte Victoire ; ici les bateaux sont français, suédois, brésiliens, anglais – il y a toujours des bateaux anglais dans les ports – hollandais ou encore canadien… et sont plutôt équipés grande croisière, genre 4X4 des mers ; pas besoin de quitter le port pour voyager, il suffit d’écouter les conversations au bar pour comprendre qu’à moins de 5 transats on ne vaut pas grand-chose … nous restons donc entre nous, à boire notre bière histoire de faire la part des choses !
Dès l’après-midi, nous filons à Machico – village voisin – pour remplir nos caddies de purée, saucisses herta, riz ou encore pâtes : pour ce qui concerne ces dernières, nous prenons finalement toute la collection : formes ou couleurs différentes, notre plat de base sera décliné, selon l’inspiration du chef : huile, fromage, huile, nature, sauce tomate, thon ou autre poisson pêché … heureusement, Lilian a veillé à ce que j’emporte des petits plats préparés avec amour : lasagnes ou repas typiquement hollandais, ils ont été rangés soigneusement dans le frigo, histoire de les sortir en cas de baisse de moral … Naji et Michel se jurent que dans une prochaine vie, ils demanderont à leurs épouses respectives de faire de même …
Dans ce genre d’avitaillement, le plus important reste l’eau : nous en sommes à 2 Caddies pleins et nous y retournons demain … précision : 2 caddies d’EAU MINERALE pour 8 bouteilles de vin seulement … bateau et équipage se préparent à cette traversée avec même, cerise sur le gâteau, 3 COHIBAS offerts par les équipes du stock CAPTAIN TORTUE, à n’ouvrir qu’en vue de la Martinique !
La météo est désespérément calme, le vent aux abonnés absents : entre 5 et 10 nœuds maximum prévus, ce qui est gênant compte tenu du peu de stations service sur la route si l’on devait faire celle-ci au moteur ; nous partirons donc certainement vers les Canaries au moteur (soit 280 Miles
), arrêt là-bas pour refaire le plein, puis route à la voile vers les îles du Cap Vert (encore environ 600 Miles
) avant de tourner vers la droite, cap à l’ouest ; une sorte d’ancien combattant à tête de Lino Ventura – 23 transats, 3 Pacifiques et 1 Océan Indien à son actif quand même – nous explique : « tu verras, tout se passe entre 14 et 18, là tu auras tes alizées » (ndlr : comprendre 14° et 18° degrés de latitude nord, se reporter à une carte svp). Je me permets de rappeler à mes deux camarades que moi, j’ai encore un boulot, et que j’aimerais quand même arriver cette année de l’autre côté … ça ne les perturbe pas, ils n’ont pas de montre …
La tension est montée d’un cran aujourd’hui : A la veille du départ, nous commençons peut-être à réaliser que les 15 à 20 prochaines nuits se feront dans un confort tout relatif, et ce malgré les 2 « Supermercato » dévalisés …comme l’option CANARIES & CAP VERT se précise, nous courrons les Shipchandler pour trouver les cartes d’atterrissage qui pourront nous être utiles au cours de la traversée ; ce soir, fête organisée par le Club des Passionnés, puis briefing météo & sécurité demain matin vers 11 heures … nous passerons donc notre dernière nuit au port ce soir !
Enfin le jour J : lever tôt – 8 h 00 quand même … et derniers préparatifs, dont le plein d’essence ; chacun essaie de profiter au maximum de ces derniers moments à soi, tout en pensant aux copains qui seraient bien venus avec nous : nous sommes tiraillés entre égoïsme et altruisme …. Mais finalement, comme tout marin de tous temps, je crois bien que nous pensons avant tout à nos 8 enfants et, surtout, nos femmes : Martine, Marianne et Lilian, qui restent gérer la logistique, les maisons, les enfants et leurs devoirs … nous ne serions pas là sans elles, et il est clair que nous avons tous cela en tête.
Je dois maintenant vous laisser, j’ai une ligne de départ à couper, un spi à envoyer et à régler et un Océan à traverser !
PS : à titre perso, j’espère que la terrible rédactrice en chef appréciera l’article et acceptera de la publier …
POUR SUIVRE LA TRANSAT
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