850 miles
Cher ami lecteur, fidèle lecteur devrais-je dire ... tu l'as certainement compris puisque tu nous suis régulièrement, nous sommes entrés dans la dernière ligne droite de cette transat ; encore faut-t-il le dire vite car de ligne droite notre trajet n'en n'a que le nom, hésitant qu'il est à force de rechercher le moindre souffle sur l'eau ; un drame Antique se joue en effet à bord qui met nos nerfs à rude épreuve : il n'y pas un souffle de vent par ici .. que dalle, que d'chi, nada, zobi ; malgré les prévisions optimistes de Mr GRIB, du nom des célèbres fichiers informatiques météos que Naji télécharge environ 8 fois par jour - relativement faux dans ces parages de l'atlantique nord - eh bien malgré ça, on n'avance plus. Pénible, voire franchement pénible, compte tenu des
Du coup, ça énerve ici dans notre deux pièces aménagé et ça tape sur le système ; je passe sur la soirée "Saturday Night Fever" de l'autre soir, relatée dans un poème éthylique ment incorrect de Naji, avec démonstration de Lap Dance de Michel sur la table du cockpit transformé pour l'occasion en piste de danse d'un Macumba improbable, le tout sous spi de nuit ... Mon Dieu ! j'étais bien sûr aux manettes, mais IMPOSSIBLE de leur faire entendre raison en passant une petite musique de nuit ou encore, on est jeune quoi ! un best of de Joe Dassin ...
NB : ami lecteur, il n'a pas échappé à ta sagacité que le spi avait fait son come back ! eh oui, depuis 2 ou 3 jours, nous spions à nouveau, de jour, de nuit, l'empannant les doigts dans le nez, l'affalant de nuit - si possible en dehors de mon quart, et toujours sous la pluie, c'est plus drôle ... bref, nous sniffons du spi en veux-tu en voilà.
Comme je le disais, ça travaille dur du ciboulot et, tu l'auras compris, entre Mr GRIB et NAJI, une certaine affinité a vu le jour, poussant notre ami à s'autoproclamer "Grand Alayatolah" du bord ! je vous le dis : cette croisière est en train de se transformer en véritable galère ; et, depuis qu'un fidèle lecteur, père d'un otage du bord, nous a traité de "TROISGROS", rien ne va plus : NAJI, Libanais à l'humour limité et à la bedaine sérieuse, l'a pris au pied de la lettre et, fort de son nouveau statut, nous oblige à manger plus que de raison, pour nous faire grossir ! tenez, rien que pour dimanche : petit déjeuner habituel : pain au lait, beurre, confiture, café, nectar de jus multivitaminé ; déjeuner : boeuf bourguignon, à moins qu'il ne s'agisse d'une sorte de BULGUR régional du Sud du Liban ? accompagné de pommes de terre risolées dans la graisse de mouette ... et, alors que nous nous attachons, depuis les premiers jours de cette croisière, à manger équilibré, tendance macrobiotique, quel ne fût pas notre étonnement en découvrant notre dîner : après un apéro copieux ( petits canapés de saumon sur toast grillés avec une bouteille de vin espagnol), notre KHMER ROUGE de la cuisine rapide et en principe bio nous servait un plat de pâtes aux cèpes !
ON N'EN PEUT PLUS ! HELP ! ON VEUT RENTRER A LA MAISON
D'autant que côté pêche, rien de nouveau ! on les attend toujours les sushis ... et c'est pas faute d'essayer, NAJI testant ses 2545 rapalas différents sur ses cannes plantées à l'arrière d'Alayat Too ; tu ajoutes à cela les conseils, avé l'accent, con ! du Marseillais du bord qui se prend pour un pêcheur - tendance pastaga ... rien depuis la fameuse dorade ; encore suis-je injuste car s'il y a bien quelqu'un qui pêche ici (dans le verbe "pêcher", je ne retiendrai que le sens propre, bien que le sens figuré et biblique puisse ici s'appliquer pleinement) c'est bien Michel ; sauf qu'il aurait tendance à ramener des poissons volants (eh oui, ça le reprend) qu'il se prend dans la figure pendant ses quarts de nuit ... il faut dire, à la décharge de mes deux camarades, que les eaux ne sont peut-être pas si poissonneuses que cela, eu égard au drôle de chalutier colombien rencontré avant-hier en pleine mer ("DON GIUSEPPE")et qui semblait dériver joyeusement, sans filet à la mer, comme s'il attendait un rendez-vous dans ces eaux internationales peu propices aux contrôles douaniers ... autant te dire que nous ne nous en sommes pas approchés.
Et pendant ce temps, le temps coule lentement à bord - pour des raisons éthiques propres à la profession de Journaliste Grand Reporter, je ne dirais pas qu'il "suspend son vol" ; bref, on le regarde passer, ce temps qui est le même que le vôtre, ces mêmes 24 heures d'une journée, et dont je ne peux m'empêcher de penser qu'il a cependant une vitesse différente : EINSTEIN avait raison quand il disait que le temps ne s'écoule pas de la même façon qu'on soit en déplacement ou au repos - relativité générale si mes souvenirs sont exacts - sauf qu'il n'appliquait cette règle qu'à un voyage à une vitesse se rapprochant de celle de la lumière ; nous sommes maintenant en mesure de le prouver : sa théorie est valable aussi pour les Transats à la voile ... ici, le temps va, vient, hésite, ne fait ni bruit ni ne laisse trace, jette nonchalamment un coup d'oeil au bateau, s'y pose quelques instants infinis et pourtant légers, et repart tranquillement sans omettre d'en faire un dernier tour ... et quand notre temps fait UNE chose, le tien, ami terrien, en fait douze, tels un Hercule des temps modernes.
Et c'est certainement une chose qui me restera de cette expérience : la dualité de ce Temps que la prétention humaine continue pourtant à dire Universel, et que tout un chacun décide un jour de choisir : le sérieux d'Hercule ou la légèreté du voyageur ? Patrons stressés à la ville, nous aimons à déguster chaque seconde de ce temps de fainéant, et sans honte aucune ;
Tu devrais essayer. Vite, car le temps presse.
Vu sur www.alayattoo.com > Echange : Un ciel de barrils de pétole brut contre 15 noeuds de vent raffiné d'Est !!
Rédigé par : olivier | 03 décembre 2007 à 19:30
Allez nos héros de la mer; c'est la dernière ligne droite. Soufflez bien fort pour avancer plus vite. On vous suit de près... Bz
Rédigé par : caro martin | 04 décembre 2007 à 18:27
Salut la jeunesse !
un petit coucou de Paris de la part de Bertrand, Anne, Nicole, Mathilde et Christian (et Chloée !!!). On a mangé de bonnes lasagnes accompagnées de Morgon en discutant sciences et avenir avec Christian! Tout le monde pense bien a vous, surtout la bouteille de Morgon... on vous embrasse force 5 !
Rédigé par : les jacquelinet/pierrel | 04 décembre 2007 à 23:46