Voilà, c’est fini !
Voilà, c’est fini, comme dit la chanson … difficile pour nous d’imaginer la fin de cette aventure tant on en a rêvé durant les 45 premières années de notre vie, et tant elle a été intense … mais il faut se faire à l’évidence : les 3000 miles la Grande Baignoire
Philippe
Je le dis comme je le pense, très humblement : si certains ne considèrent pas une traversée de l’Atlantique comme une Aventure, c’est bien comme cela que je l’ai vécue, et c’est ainsi qu’il faut la vivre : seul au beau milieu de rien, en totale autarcie, loin de tout et, surtout, de tous, proche d’une nature intacte et sauvage, potentiellement dangereuse.
Une aventure qui, à défaut d’être réellement sportive, est avant tout humaine, pour ne pas dire intérieure : combien d’heures passées, chacun de son côté, de jour ou mieux, de nuit, à refaire ce monde mis en quarantaine pendant un mois, à réécrire sa vie, avec ses bonnes et ses mauvaises périodes, à annoter ce petit carnet qu’on a pris soin d’emporter, à dessiner, à redécouvrir un artiste ipodé qu’on avait oublié … tout ça pour comprendre que, finalement, seuls la famille et les amis nous manquent.
On se plaît à ne rien faire de la journée, on endure les douches où un départ au lof nous explose le nez dans le hublot, on se met à apprécier la cuisine par 40° de gîte, on aime – ça c’est sûr ! les quarts de nuit, seul au monde, avec 4 milliards d’étoiles au dessus de la tête …On s’habitue à ne dormir que 3 heures par nuit, par tranche de 20 minutes, mais on ne se fait pas à l’absence de sa femme, de ses enfants ou des proches … et c’est peut-être là qu’est l’Aventure !
Ceux qui me connaissent savent que j’ai mauvaise mémoire, mais je n’oublierai jamais ces quarts de nuit passés à regarder ces ciels étoilés comme on n’en fait nulle part ailleurs, sur un voilier lancé à la conquête de l’Océan et poussé par un vent soi-disant maîtrisé ;
Je n’oublierai jamais cette mer, pardon cet Océan, que l’on se plaît à contempler jusqu’à plus soif, jusqu’à l’obsession et qui me manquera dès le ponton ;
Je n’oublierai jamais non plus cette soirée improbable et véritablement insensée passée à écouter Pink Floyd à fond dans le cockpit d’un bateau fou lâché seul sur un Océan noir.
Je n’oublierai jamais ces moments passés à attendre les messages des amis, seuls liens avec notre courte vie, ni n’oublierai ces mêmes amis qui ont peut-être rêvé avec nous.
Je n’oublierai surtout jamais que ce voyage, je le dois à ma femme Lilian et à mes enfants, Nicolas et Camille, sans qui rien ne serait arrivé. Merci à vous.
Un grand merci à mes camarades de quart, à commencer par notre Naji national, aussi sensible et gentil qu’il semble bourru, et Michel, mon cousin, dont l’humour a rendu cette croisière plus dangereuse que ce qu’elle aurait dû être …sans oublier l’ensemble de mes collaborateurs de l’entreprise qui m’ont, eux aussi, permis de faire ce voyage.
Enfin, une pensée spéciale à mes amis de toujours, fils de la lune et du cum cum péro, qui se reconnaîtront ; vous avez été dans mes pensées, mile après mile, vague après vague …
On l’a fait !!!
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