Nous avons profité des deux derniers jours à Tropea des plages et mouillages à proximité. Depuis Capri nous n’avions plus rencontré de palaces flottants mais aujourd’hui il y a de l’animation au large de la vieille ville. Les plagistes font de bonnes affaires car les gens se sont jetés sur tout ce qui flotte. Des pédalos et kayaks se sont arrachés comme des petits pains pour aller espionner les VIP à bord du paquebot bleu. Un super riva (barque préférée d’Alain Delon et Bardo) passe à proximité sous le feu de Capo Vaticano avec à son bord deux hommes d’un certain âge, accompagnés de deux belles brunes. C’est évidement le tender du fameux yacht qu’on venait de croiser.
Pendant 1a manœuvre d’accostage un uomo élégant sur le quai interpelle Naji dans un français impeccable pour le complimenter de son équipage. Il parlait des enfants bien sur, moi euh…
Peu après, on reconnaît le type assis dans le beau riva, escorté par plusieurs gardes du corps et de sa charmante compagnie de ce matin. Il s’agit de Flavio, le patron des écuries Renault formule 1. Vous comprenez que nous avons été un peu flattées et que nous n’avons même pas eu besoin de louer des pédalos.
Les Amiens nous quittent très tôt le matin et notre équipe est de nouveau réduite à cinq. Il faut passer par le détroit de Messine au moins une fois dans la vie. Chose faite aujourd’hui. Il n’y a pas beaucoup de trafic, mais nous passons néanmoins entre un cargo et un navire à passagers à moins de deux cents mètres. Le peu de vent et le courant nous portent vers le sud et la mer est chaotique. Au fur et à mesure de notre progression, le vent se renforce et sous l’effet du vent et du courant, la mer devient assez inconfortable. Il y a de nombreuses risés et avec l’heure tardive, on préfère trouver une place au port pour la nuit. La baie de Taormina, qui est habituellement bondée de monde, est quasi déserte. On distingue parfaitement bien le sommet de l’Etna et ses trois cratères fumants, chose rare à cause de l’épais brouillard qui l’enveloppe d’habitude en été…annonciateur de mauvais temps ?
La marina del’Etna à Riposto sera notre refuge pour la nuit. Mes parents adoptifs français, qui m’ont accueilli à Puyricard il y bientôt vingt ans, ont fait le trajet depuis Taormina où ils sont en vacances. Nous parlons respectivement de nos parcours à terre comme en mer. Au retour de la Grèce
Il faut avancer et nous partons en direction de Roccella Ionica. L’Etna est toujours bien visible et il n’y a pas beaucoup de bateaux qui prennent la mer. Le vent souffle pourtant qu’à dix nœuds et la mer est belle. La météo n’annonce pas plus que force 4, juste ce qu’il faut pour faire une route tranquille. En s’éloignant de la côte et en rentrant de plus en plus dans l’axe du détroit, la girouette s’emballe. Vingt, vingt-cinq puis trente nœuds au près serré. Il faut enrouler le génois car les francs bords disparaissent sous l’eau et la barre devient lourde à tenir. Quand l’anémomètre enregistre des pointes à trente-cinq avec une mer bien formée, le capitaine prend la sage décision de faire demi-tour et de surfer vers la case de départ au bon plein.
Nous rentrons au port un peu lessivé et bien salé, mais sans aucun autre souci. Il faut toutefois comprendre comment on a pu se laisser surprendre par ce coup de vent inattendu ? Le détroit de Messine est connu pour ses tourbillons, sa météo particulière, mais il doit y avoir autre chose.
Il s’agit d’un cas d’école qu’on avait pourtant abordé lors de notre formation Maxsea. La maille de précision de notre demande météo était trop grande et nous sommes passés à côté de ce coup de vent, pourtant prévu. Bref, ça ne vous intéresse probablement pas beaucoup, mais la réponse à notre question est essentielle pour nous qui dépendons que de la météo.
Nous allons donc faire un peu de tourisme à terre pendant deux jours, le temps que les conditions en mer s’améliorent. On rend visite au village de Taormine, perché au sommet d’une colline qu’on atteint par téléphérique. A mon avis, il n’y a plus personnes dans les villages de vacances, hôtels et campings du coin, car ils sont tous là-haut comme nous.
On repère dans notre guide touristique ‘cala Alcantara’. Lors d’un tremblement de terre, il y des millions d’années, une coulée de lave s’est fendue, laissant place à une crevasse ou la rivière Alcantara s’est forgée un chemin. Comme en France, les Italiens sont tous en vacances le weekend du quinze Aout. Papi, mamie, petits enfants et touristes se mélangent dans le courant glacé de la petite rivière. Les rochers de basalte de plusieurs dizaine de mètres de haut ont été polis par l’eau de pluie et celle des sources qui coule le long de la parois. C’est très spectaculaire, mais la foule nous fait fuir et nous suivons le lit de la rivière pour trouver des eaux plus tranquilles. Nous laissons rapidement les moins habiles, sportifs et paresseux derrière nous, car il faut se mouiller jusqu’à la taille et escalader des rochers. Une fois au calme, les enfants construisent des barrages (les origines Néerlandaises ?!) et repêchent les sandales et tongs perdus par les baigneurs imprudents en amont. Contrairement à la pêche en mer, celle-ci est très fructueuse.
La météo est à nouveau en notre faveur et nous reprenons le chemin que nous avions du abandonné deux jours plus tôt. Le détroit n’a pas le même aspect hostile et l’Etna s’est enveloppé de sa couverture nuageuse, signe de beau temps. Le village Rocella Ionica se situe à quelques kilomètres de la marina. Les pontons sont flambants neufs et équipés de catways (petits pontons latéraux) et l’eau y coule des bornes gratuitement. Nous communiquons avec une personne par VHF qui nous guide à notre place, mais elle reste invisible. Le port semble appartenir à personne. Seuls propriétaires sont ceux qui choisissent d’y faire escale sur leur route menant en Grèce ou en Sicile. Il y a effectivement que des voiliers portant des pavillons de complaisance Grecque ou Italiens. On s’y arrête le temps de récupérer d’une nuit en mer ou de s’abriter d’une météo défavorable. La seule pizzeria sur le quai affiche complète à notre grande surprise. Les clients apparaissent de nulle part pour y manger des pizzas au mètre.
La météo, toujours elle, nous oblige à quitter cet endroit insolite pour se rendre à Crotone à quelques soixante-dix miles de là. Nous avons heureusement une quantité de lego impressionnante et les garçons passent plus de neuf heures à construire des navires, bases navales et autres constructions marines. Dans quelques semaines ils devront les échanger contre les livres du CNED, car la rentrée pour nous est également prévue pour début Septembre.
Crotone n’est pas très attractif, mais nous pouvons y faire le plein de fuel et effectuer des achats. Naji repère la boutique de rêve pour y trouver la solution à nos déboires au niveau pêche. Jusque là, les différents conseils n’ont rien donné et mon pêcheur commence à perdre patience. Nous avions même reçu des photos des, soit disant, copains pour nous montrer leur butin. Il faut donc trouver le remède au mal qui nous poursuit. Dans le magasin de dix mètres carrés, qui fait également office de bar de quartier, Naji raconte ces malheurs. Le Propriétaire et les clients lui expliquent, à l’aide des mains et des croquis, l’art qui nous échappe jusqu’à ce jour.
Lors de notre dernier trajet, nous avons perdu Brice. Au moment de le remonter au sec, nous avons constaté avec horreur qu’il n’était plus au bout du fil. Le malheureux a été entrainé vers les fonds. Sur le conseil de nos amis Crotonois ou CROTONEZ, nous avons remplacé Brice par des Bricelettes en tutu rose et rouge. Les filles en planche attirent peut être plus l’attention des passants que les surfeurs masculins.
Le départ vers Brindisi est donné en fin d’après midi et nous allons passer une nouvelle nuit en mer. Le vent nous porte pendant quelques heures au grand largue et la traversée se déroule tranquillement dans des conditions optimales. Le vent dominant souffle habituellement contre nous, mais il est orienté au sud et nous porte donc vers notre destination.
Grrrrrrrrrrrrrrrrrrr….. Le moulinet s’emballe pour la première fois depuis notre départ. Dans la lumière du petit matin, nous remontons, non pas un sac plastique, mais un véritable poisson !!! C’est incroyable mais vrai (photo à l’appui). Ce n’est pas un monstre de quinze kilos, mais nous sommes heureux, vous ne pouvez pas savoir. Je commençais à m’inquiéter de l’état psychologique du capitaine. L’échec, ce n’est pas son truc.
Après recherche dans notre bible de pêche, il s’agit d’une petite daurade coryphène. A la grande joie des enfants, nous en attrapons une deuxième et le repas de midi est assuré.
Un grand merci à notre gourou CROTONEZ. Nous sommes désormais confiants pour l’avenir.
La nouvelle marina de Brindisi ne se situe pas dans un endroit paradisiaque, mais elle va nous protéger du vent annoncé.
Les italiens n’ont pas connu de Fréderic Mistral, mais ce vent venant du même secteur se nomme Maestrale. Je vais tenter de trouver l’explication auprès d’un vieux marin italien. L’ordinateur est donc secoué par les rafales qui descendent de l’Adriatique le long de la côte italienne. Nous sommes bloqués dans la marina qui se trouve à l’extrémité nord de la ville, donc notre vue n’est pas polluée par les nombreuses cheminées et usines que comptent cette ville industrielle. Nous voulons encore monter au nord de quelques quatre vingt miles à Trani, mais le vent du même secteur barre la route. Nous avons réservé une semaine dans ce port au nord de Bari pour rendre visite pendant quelques jours à ma sœur et les petits cousins italo-hollandais, qui habitent sur place.
Nous espérons une amélioration dans deux jours. Difficile de faire des projets précis et de donner des rendez-vous quand le chemin mène par la mer.
Pour les accros du blog, prochaine mise à jour dans une quinzaine de jours, probablement en Grèce.