Depuis notre départ l’été dernier sur Alayat too avec Martine et les enfants, nous avons navigué en Méditerranée.
Malgré ses grosses caprices sous forme de mistral et une météo souvent surprenante c’ est un plan d’eau que nous connaissons assez bien. Un abri n’ y est jamais loin et ou la navigation côtière constitue la majorité des trajets. C’est une mer difficile mais pas un océan.
Notre parcours s’est très bien déroulé, sans difficulté majeure, en longeant les côtes Sardes, Italiennes ou encore Espagnoles…
Notre projet est de naviguer aux caraïbes pendant les mois d’hiver, encore faut-il amener notre Alayat de l’autre coté. Pendant des mois nous avons discuté quelle serait la meilleure option pour cette traversée. Selon les dires des uns, il n’y a aucune raison de ne pas faire cette expérience en famille, d’autres, parmi eux Martine, ont émis des réserves. L’autre solution est de trouver des marins c.q. copains pour traverser entre hommes.
Après des mois de réflexions, décision prise, je traverse avec des copains. Nous avons néanmoins voulu partager une partie de cette traversée en famille avec un couple d’amis expérimenté. Le compromis était donc de parcourir le trajet de Gibraltar à Madère, traversée dans des conditions un peu musclées, mais limité á quatre jours.
Entre temps, Philippe et Michel se préparaient à terre pour également leur première transat Madère- Martinique.
La préparation du bateau se déroule comme sur des roulettes avec mes coéquipiers à Madère, pendant quelques jours avant notre départ mais,…
La veille du départ, pris par une sorte de bronchite que je traînais depuis au moins deux semaines, je commence à réaliser que « la fameuse traversée avec les alizés » n’est pas si évidente que ça.
Au port, mes oreilles ne supportaient plus les voix de quelques uns qui braillaient a longueur de journée : ce n’est rien, moi j’ai fait x fois et moi je….. bla bla bla…
Seul dans mon coin, je réfléchissais à la sécurité de mes deux équipiers, de mon bateau, de l’éloignement de ma famille, des voiles, du moteur, de l’océan, bref des milliers de choses dans ma tête. Je voulais surtout découvrir si tous ces marins ont raison quand ils prétendent que c’est si facile d’affronter une vingtaine de jours l’ATLANTIQUE.
Après deux journées de navigation, une météo défavorable et mes conditions physiques et mentales fortement dégradés, nous sommes obligé d’effectuer une escale aux Canaries. Je me suis retrouvé à l’hôpital à cause de cette toux. Piqûres de cortisone, antibio etc pour soulager la poitrine, mais de retour au bateau, j’ai le moral complètement a plat et je suis au point d’abandonner l’aventure.
Apres 24 heures de repos, des coups de téléphone au Q.G. et les mots rassurants de mon médecin en ligne et surtout un rendez vous avec moi-même, me voila plus ou moins prêt pour le départ. Cap au sud, pour descendre entre le 14° N et le 18° N, la ou on doit trouver les alizés qui doivent nous porter par vent arrière vers les caraïbes.
En observant cette mer, je la trouve belle et gentille, laide et méchante, le vent calme et fort. Parfois me prend l’envie de descendre jusqu’à la longitude 0°, l’équateur, qui n’est qu’à mille miles de nous, sachant que nous avons trois milles miles à parcourir. Mais la j’entends mes enfants qui me parlent a l’oreille et je pense comme eux : c’est quand qu’on arrive ?
Les jours se passent et se ressemblent sans être pareils.
Je pense que ce n’est qu’une fois a l’arrivée que je pourrais donner mon avis…
Bien que je me trouve á terre, je suis á bord une bonne partie de la journée et de la nuit.
Je me permets donc d’écrire quelques mots pour, non pas donner ma version des choses, mais pour me rassurer et peut-être quelques uns parmi vous.
Est-ce qu’on peut réellement se préparer á un tel voyage quand on ne l’a jamais fait. Oui, les autres parlent de leur traversée, mais ça a été la leur et si ce sont de vrais marins, ils savent que la mer n’a jamais le même visage, qu’elle prend des formes aussi diverses que les nuages dans le ciel. Ce qui est bleu foncé pour les uns, est noir pour les autres.
Mon cher capitaine est á mon avis le premier libanais, devenu navigateur, qui s’est lance dans cette « galère ». L’éloignement, la responsabilité, l’incertitude sur la météo, la durée imprévisible du trajet, et le fait que c’est la mer qui a le dernier mot, ce sont des paramètres qui font que le moral n’est pas toujours au top. Heureusement qu’il y a de vrais marins copains qui savent et comprennent que ce n’est pas si facile de braver les flots. Leurs encouragements adressés á l’équipage font la différence et je me sens moins seul dans mon QG. Les barbichettes poussent, la vitesse augmente et le moral suit le même rythme. Surtout qu’ils dépasseront bientôt la ligne imaginaire qui partage leur parcours en deux… A suivre
Naji, à terre nous pensons bien à vous ; je suis persuadée que ton caractère aura le dessus sur les aléas que tu traverses
Bientôt le rhum et les cocotiers , la chance!
bises
Rédigé par : afbourhis | 27 novembre 2007 à 14:30
Naji ! Superbe ton texte !! Un marin qui ne doute pas n'est pas un grand marin. CQFD. Naji c'est énorme ce que tu es en train de faire toi et tes z'alayat boys.Votre navigation à tous les 3 c'est du grand art ! Ces 3 bonheureux là ils ont déjà 1500 miles dans les bottes !Martine bravo pour le gestion du QG ! Bravo ! Olivier.
Rédigé par : olivier | 27 novembre 2007 à 16:15
bonjour et bravo à vous 3 !! , un SALUDO special a Philippe depuis Barcelone ...et une petite phrase pour mediter ( à consommer avant l´apero plutot ,...et aussi avant le passage de la demoiselle du bateau volant ) : DO NOTHING AND EVERYTHING WILL FULL INTO PLACE ( Tao Te Ching)
Rédigé par : patricia | 27 novembre 2007 à 19:17